Elles construisent la ville - Évry-Courcouronnes
Évry-Courcouronnes est depuis 50 ans le théâtre d'expérimentations architecturales. À la fin des années 1960, Évry devient Évry-Ville-Nouvelle et se transforme en véritable laboratoire urbain. La ville ne cessera dès lors, de vivre au fil de grandes vagues d’urbanisation en lien avec les idéologies contemporaines. Pour mesurer son expansion, son évolution démographique est parlante : la ville a presque multiplié par dix ses habitants en 50 ans, elle est passée de 7 292 habitants en 1968, à 68 442 en 2018.
Cette balade est une invitation à découvrir la ville en parcourant trois quartiers de trois époques différentes, les années 1970, 1990 et 2010, et met en lumière plus particulièrement les œuvres de quatre femmes architectes et plasticiennes.
Aperçu du parcours
La Cité administrative
La Cité administrative, rue des Mazières
En bord de Seine, située sur la route royale de Paris-Fontainebleau, Évry est jusque dans les années 60 un petit bourg avec de grandes demeures de villégiature. En 1965, son histoire est bouleversée par une décision politique : l’État décide de construire cinq villes nouvelles métropoles d’équilibre pour organiser l’expansion de Paris et sa petite couronne : Cergy-Pontoise, Marne-la-Vallée, Melun-Sénart, Saint-Quentinen-Yvelines, et Évry la plus petite.
Une ville nouvelle, construite sur des terres agricoles
Construction de la Préfecture au milieu des champs (c)Dominique Planquette
Construite en 1971, la Cité Administrative, inaugurée par le Président de la République, Georges Pompidou, est le premier bâtiment à sortir de terre au milieu des champs. Elle est conçue comme un pont traversant le paysage soutenu par deux piliers de béton. Autour d’un grand plan d’eau se regroupent le Conseil départemental, le Palais de Justice et la Préfecture représentant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du département de l’Essonne, créé six ans auparavant.
Construction de la cité administrative (c)Dominique Planquette
La Cité administrative
La Cité administrative, rue des Mazières
En bord de Seine, située sur la route royale de Paris-Fontainebleau, Évry est jusque dans les années 60 un petit bourg avec de grandes demeures de villégiature. En 1965, son histoire est bouleversée par une décision politique : l’État décide de construire cinq villes nouvelles métropoles d’équilibre pour organiser l’expansion de Paris et sa petite couronne : Cergy-Pontoise, Marne-la-Vallée, Melun-Sénart, Saint-Quentinen-Yvelines, et Évry la plus petite.
Une ville nouvelle, construite sur des terres agricoles
Construction de la Préfecture au milieu des champs (c)Dominique Planquette
Construite en 1971, la Cité Administrative, inaugurée par le Président de la République, Georges Pompidou, est le premier bâtiment à sortir de terre au milieu des champs. Elle est conçue comme un pont traversant le paysage soutenu par deux piliers de béton. Autour d’un grand plan d’eau se regroupent le Conseil départemental, le Palais de Justice et la Préfecture représentant les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire du département de l’Essonne, créé six ans auparavant.
Construction de la cité administrative (c)Dominique Planquette
Le quartier des pyramides
La première vague d’urbanisation, au début des années 70, inaugure plusieurs programmes de logements. Le chantier de construction des Pyramides commence. Rue Desaix, au-delà de la passerelle, tel un pont-levis : le quartier des Pyramides.
Écouter le podcast à ce moment du parcours en cliquant sur l'icône en haut de cette étape. Animation enfants par l’association Ufolep dans le quartier des Pyramides à Évry-Courcouronnes Un podcast inédit réalisé par Fanny Rahmouni pour #Archipel francilien (c)Les CAUE d'Île-de-France
Les Pyramides en 2020 (c)Martin Argyroglo
Le quartier est né d’un grand concours d’architecture remporté par le groupe UCY, composé de promoteurs, architectes, urbanistes, plasticiens et paysagistes. Sa conception est le fruit des utopies des années 70 : faire la part belle aux piétons et aux espaces publics, places, ruelles, et laisser les voitures en dehors du quartier. Chaque logement bénéficie de tout le confort moderne de l’époque et d’un balcon ou d’une terrasse avec des garde-corps plantés.
La place des Pyramides en 1974 (c)Dominique Planquette
Dans les journaux télévisés en 1973, on peut entendre : “Évry ne sera pas un grand ensemble”. Sa conception se veut en rupture avec les quartiers des générations précédentes construits en “barre” et/ou en “tour”. 2 500 logements sont finalement construits quand le programme d’origine en prévoyait 7 000.
Le dragon, Yvette et Bernard Alleaume
(c)Martin Argyroglo
Le quartier des Pyramides est ponctué d’œuvres d’art. Non loin des stalagmites bleues conçues par le sculpteur Gérard Singer, se trouve le Dragon, œuvre de Bernard et Yvette Alleaume. Il s’agit de la première intervention.
La tête du dragon (c)Dominique Planquette
Yvette Alleaume (1927-2011), plasticienne, est diplômée de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris. Dans les années 70 avec son mari, ils participent aux grands chantiers urbains de l’époque dont celui des Pyramides. Entre les constructions, ils font surgir des cheminements piétons des formes fantastiques faites de briques et de céramiques, comme ici allée du Dragon.
L’Agora, la Butte Creuse
(c)Martin Argyroglo
En 1975, le RER relie Paris et Évry. L’Agora est construite la même année. L’ambition est de regrouper les commerces, la culture et le sport : de créer un cœur de ville. Un centre commercial, une scène nationale de théâtre, une médiathèque, une patinoire, une piscine, des locaux associatifs se côtoient.
Depuis la Place des Terrasses l’architecture de dalles en vogue à cette époque, prend toute sa dimension. Les voitures, les bus et les piétons sont à des niveaux différents et ne se croisent pas. Au pied de l’escalier de l’allée du Grutier, à l’angle de la Place des Terrasses et de l’allée Jacquard par la Fresque des Bâtisseurs de la sculptrice Maella Citron.
La fresque des Bâtisseurs (c)CAUE91
Plus loin, la Butte Creuse domine le quartier “des Passages” et le cours Blaise Pascal en contrebas. C’est la liaison haute qui relie l’Agora à la Gare, tandis que sa parallèle basse, le cours Blaise Pascal, relie la Gare à la Cité Administrative. Ce dernier est considéré aujourd’hui comme l’axe fort du centre-ville d’Évry.
Le quartier Cathédrale
(c)Martin Argyroglo
Dans les années 90, Évry connaît une troisième vague d’urbanisation : la construction d’un nouveau cœur de ville avec la Place des Droits de l’Homme et du Citoyen, l’Hôtel de Ville, la Chambre de Commerce et de I’Industrie, la Cathédrale réalisée par Mario Botta et son clos.
Le chantier du quartier de la Cathédrale (c)Archives départementales de l'Essonne
Le projet urbain adopte les caractéristiques d’un centre ancien classique autour d’une place. C’est une nouvelle fois un plan d’eau qui relie trois entités marquantes : le religieux, l’économique et le pouvoir local. La brique harmonise cet ensemble. Aujourd’hui le quartier avec sa diversité de niveaux est l’un des terrains de jeu préféré des pratiquants de l'art du déplacement, du parkour, héritiers des Yamakasi.
La place des droits de l’Homme et du Citoyen
(c)Martin Argyroglo
La Place des Droits de l’Homme et du Citoyen est imaginée par l’architecte paysagiste américaine Kathryn Gustafson en 1991. La place est marquée par son aspect minéral et ses jets d’eau symbolisant le mouvement et la liberté. La place basse et le parvis de l’Hôtel de ville sont séparés par un grand linéaire de pierres sculptées, un modèle que reprendra la paysagiste pour le monument commémoratif de la Princesse de Galles, à Hyde Park à Londres.
La fontaine commémorative de la Princesse Diana à Londres, 2004 (c)Hélène Binet
Née en 1951 aux États-Unis, Kathryn Gustafson est diplômée en 1979 de l’École Nationale Supérieure de Paysage de Versailles. Elle dirige deux agences, une à Londres, l’autre à Seattle. Elle vient de se voir confier le projet de réaménagement du site de la Tour Eiffel, “the OnE I”. L'inauguration est prévue en 2024.
La CCI, Martine et Philippe Deslandes, architectes
(c)Martin Argyroglo
La Chambre de Commerce et de l’Industrie de l’Essonne est imaginée par Martine et Philippe Deslandes. C’est toutefois Martine Deslandes qui, en 1990, livrera le bâtiment à la suite du décès de son mari. Née en 1931, elle est diplômée de l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris en 1961. Elle s’associe dans la vie comme dans le travail à Philippe Deslandes.
Ils fondent leur agence en 1964 et réalisent ensemble de nombreux bâtiments, dont la tour des mariés à Villetaneuse, la tour des Cerclades à Cergy, des maisons individuelles groupées… À Évry, ils construisent aussi les logements des “Jonquilles” boulevard Louise Michel. Les motifs géométriques, notamment les cercles et les losanges, sont notables dans leurs œuvres.
Façade de la gare de Cergy Saint-Christophe (c)Patrick Olivain
Les façades en brique et la verrière de la CCI rappellent la gare de Cergy-Saint-Christophe, à Cergy-Ville-Nouvelle, construite en 1985 par les Deslandes.
Écouter le podcast à ce moment du parcours en cliquant sur l'icône en haut de cette étape. Interview de Violette Giaquinto, Chercheuse Un podcast inédit réalisé par Fanny Rahmouni pour #Archipel francilien (c)Les CAUE d'Île-de-France
La ZAC Centre-Urbain
(c)Martin Argyroglo
Dans les années 2000, une réflexion globale sur la ville est lancée. Elle amènera notamment au lancement de la construction de la Zone d'Aménagement Concertée (ZAC) centre-urbain dans les années 2010. Celle-ci comprend quatre grands îlots à construire, avec comme programme de nombreux logements, des espaces d’activités et des équipements, dont la bibliothèque universitaire. À cette époque, l’ambition est de réduire la consommation d’énergie des bâtiments, d’économiser du foncier et de densifier, d'où la hauteur des constructions.
Plan d'aménagement de la ZAC Centre Urbain (c)Atelier PUZZLER
La réduction de la consommation d’énergie des bâtiments passe par plusieurs critères dont l’isolation, l’orientation des bâtiments, la ventilation, l’origine des matériaux… Pour normer cette politique allant vers des bâtiments plus respectueux de l’environnement, de nombreux labels sont créés dont un des plus connus, le label Bâtiment Basse Consommation énergétique 2005.
La résidence Marguerite Yourcenar, Suzel Brout, architecte
(c)Martin Argyroglo
La résidence Marguerite Yourcenar est réalisée en 2011 par l’architecte Suzel Brout. Ce programme ambitieux comprend 109 logements étudiants, dix logements de chercheurs et deux logements de fonction. Ce bâtiment est marqué par son époque dans l’esthétisme, les matières, les touches de couleurs, ses 15 étages et dans sa politique de construction.
(c)aasb agence d'architecture Suzel Brout
Ce bâtiment est salué à l’échelle régionale par le 1er prix “qualité environnementale des constructions” du Grand Prix 2009 des Villes d’Île-de-France. Ce n’est pas la première œuvre de Suzel Brout à Évry. En 1992, elle a réalisé en collaboration avec Laura Carducci, le groupe scolaire Alain Savary dans le quartier nord des Pyramides.
Écouter le podcast à ce moment du parcours en cliquant sur l'icône en haut de cette étape. Interview de Suzel Brout, architecte Un podcast inédit réalisé par Fanny Rahmouni pour #Archipel francilien (c)Les CAUE d'Île-de-France
Luménia, Gaëlle Hamonic et Jean-Christophe Masson, architectes
(c)Martin Argyroglo
Le bâtiment Luménia regroupe 156 logements et six commerces en rez-de-chaussée. Ce bâtiment est réalisé par les architectes Hamonic + Masson & associés, agence fondée en 1997. Cette architecture se distingue par sa sobriété et sa volumétrie variée. Cet ensemble est marqué par son aspect monochrome blanc, un jeu des hauteurs pour permettre un ensoleillement maximum, des balcons filants traçant des lignes en façade et des petites maisons sur le toit.
La ville d’Évry est depuis sa construction en constante évolution, s’adapte aux époques, s’agrandit et se rénove. 30 ans après sa construction, le quartier des Pyramides est rénové via un premier Plan National de Rénovation Urbaine (PNRU, aujourd’hui devenu ANRU).
En 2019, la ville s’agrandit et s’adapte aux nouvelles politiques de l’État, après “Ville nouvelle” Évry fusionne avec sa voisine Courcouronnes et devient Évry-Courcouronnes, une “commune nouvelle”. Aujourd’hui, en 2020, la rénovation urbaine continue, non seulement sur le cœur de ville mais sur l’ensemble de la ville.
Écouter le podcast à ce moment du parcours en cliquant sur l'icône en haut de cette étape. Interview de Gaëlle Hamonic, architecte Un podcast inédit réalisé par Fanny Rahmouni pour #Archipel francilien (c)Les CAUE d'Île-de-France
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RER
Gare RER D Évry-Courcouronnes (seconde entrée - Cours Blaise Pascal)