Du mur d'octroi au bastion de Thiers
14ᵉ arrondissement
Parcourez le 14ᵉ arrondissement, d’une enceinte à l’autre. De l’ancienne barrière d’octroi de 1785 à Denfert-Rochereau, aux derniers vestiges de l’enceinte de Thiers de 1840 à la Cité Internationale Universitaire, promenez-vous à l’ombre des platanes de l’avenue René-Coty et découvrez l'histoire et le patrimoine qui ont façonné le paysage urbain de l’ancien village de Montrouge.
Aperçu du parcours
Barrière d'Enfer
La barrière d'Enfer en 1819 - eau-forte aquarellée de Palaiseau © Gallica BnF
Vous vous trouvez face aux deux pavillons de la barrière d’Enfer, ancienne barrière d'octroi de l'enceinte des Fermiers généraux. À la fin du XVIIIᵉ siècle, les Fermiers généraux ont la charge de récolter l'impôt sur les marchandises entrant dans Paris. Pour lutter contre les fraudeurs et les contrebandiers, il est décidé de reculer les limites de la capitale et de remplacer la modeste palissade de bois par un mur de pierre de trois mètres de haut et de 24 km de long. Le tracé de ce mur, construit entre 1784 et 1791 en pleine campagne, correspond aujourd’hui aux lignes 2 et 6 du métro aérien.
Nouveau plan routier de la Ville et Faubourgs de Paris, avec ses Principaux Édifices et Nouvelles barrières - 1789 - Pichon © Gallica BnF
Pour compléter cette enceinte et donner un caractère monumental aux portes de Paris, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux dessine une cinquantaine de portes monumentales, dans un style architectural néoclassique. Il les nomme les « propylées de Paris », en référence aux propylées d'Athènes. Seules quatre de ces portes existent encore aujourd’hui : la rotonde du Parc Monceau, la rotonde de la Villette, la barrière du Trône, et les deux pavillons de la barrière d’enfer.
Six barrières d’octroi en 1800 © Antoine-Joseph Gaitte — Jean Valmy-Baysse, La curieuse aventure des boulevards extérieurs, Éditions Albin-Michel, 1950
Construits en 1785, les pavillons Denfert sont pillés et incendiés le 13 juillet 1789, tout comme de nombreuses portes de la barrière d’octroi, symboles du pouvoir royal et des inégalités. L’octroi est aboli en 1791 (alors que les pavillons viennent d’être reconstruits) puis rétabli en 1798. Les pavillons retrouvent ainsi leur fonction jusqu’en 1860 où l’octroi est déplacé au niveau de l’enceinte de Thiers. Le mur d’octroi est alors démoli pour créer un boulevard circulaire.
Projet de restauration du Pavillon Ledoux © Artene
La façade des pavillons est majestueuse et affiche les codes du style néo-classique (pierres de taille, arcs, frises en bas-relief). En revanche les espaces intérieurs étaient assez simples et abritaient uniquement des bureaux et des logements de fonction.
Jusqu’en 2017, le site était occupé par l’inspection générale des carrières et un laboratoire d’essai des matériaux de la Ville de Paris.
Depuis 2019, il accueille le musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - musée Jean Moulin et le musée des Catacombes grâce à un ambitieux projet de restauration mené par l'agence Artene. Écoutez le podcast réalisé par le CAUE à l’occasion d’une visite de ce chantier
Le pavillon est - entrée du musée des catacombes © CAUE de Paris
Contenus additionels
Barrière d'Enfer
La barrière d'Enfer en 1819 - eau-forte aquarellée de Palaiseau © Gallica BnF
Vous vous trouvez face aux deux pavillons de la barrière d’Enfer, ancienne barrière d'octroi de l'enceinte des Fermiers généraux. À la fin du XVIIIᵉ siècle, les Fermiers généraux ont la charge de récolter l'impôt sur les marchandises entrant dans Paris. Pour lutter contre les fraudeurs et les contrebandiers, il est décidé de reculer les limites de la capitale et de remplacer la modeste palissade de bois par un mur de pierre de trois mètres de haut et de 24 km de long. Le tracé de ce mur, construit entre 1784 et 1791 en pleine campagne, correspond aujourd’hui aux lignes 2 et 6 du métro aérien.
Nouveau plan routier de la Ville et Faubourgs de Paris, avec ses Principaux Édifices et Nouvelles barrières - 1789 - Pichon © Gallica BnF
Pour compléter cette enceinte et donner un caractère monumental aux portes de Paris, l’architecte Claude-Nicolas Ledoux dessine une cinquantaine de portes monumentales, dans un style architectural néoclassique. Il les nomme les « propylées de Paris », en référence aux propylées d'Athènes. Seules quatre de ces portes existent encore aujourd’hui : la rotonde du Parc Monceau, la rotonde de la Villette, la barrière du Trône, et les deux pavillons de la barrière d’enfer.
Six barrières d’octroi en 1800 © Antoine-Joseph Gaitte — Jean Valmy-Baysse, La curieuse aventure des boulevards extérieurs, Éditions Albin-Michel, 1950
Construits en 1785, les pavillons Denfert sont pillés et incendiés le 13 juillet 1789, tout comme de nombreuses portes de la barrière d’octroi, symboles du pouvoir royal et des inégalités. L’octroi est aboli en 1791 (alors que les pavillons viennent d’être reconstruits) puis rétabli en 1798. Les pavillons retrouvent ainsi leur fonction jusqu’en 1860 où l’octroi est déplacé au niveau de l’enceinte de Thiers. Le mur d’octroi est alors démoli pour créer un boulevard circulaire.
Projet de restauration du Pavillon Ledoux © Artene
La façade des pavillons est majestueuse et affiche les codes du style néo-classique (pierres de taille, arcs, frises en bas-relief). En revanche les espaces intérieurs étaient assez simples et abritaient uniquement des bureaux et des logements de fonction.
Jusqu’en 2017, le site était occupé par l’inspection générale des carrières et un laboratoire d’essai des matériaux de la Ville de Paris.
Depuis 2019, il accueille le musée du Général Leclerc de Hauteclocque et de la Libération de Paris - musée Jean Moulin et le musée des Catacombes grâce à un ambitieux projet de restauration mené par l'agence Artene. Écoutez le podcast réalisé par le CAUE à l’occasion d’une visite de ce chantier
Le pavillon est - entrée du musée des catacombes © CAUE de Paris
Contenus additionels
Le Lion de Belfort
Inauguration du Lion de Belfort sur la place de Denfert-Rochereau en 1880, estampe de Karl Fichot, © Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Le majestueux lion de 22 mètres de long et de 11 mètres de haut, est une réplique, réduite au tiers, du lion sculpté par Auguste Bartholdi dans le granit rose de la falaise de Belfort, au pied de la citadelle. Ils commémorent tous deux la résistance du colonel Denfert-Rochereau face aux Prussiens lors de la guerre de 1870.
Le Lion de Belfort d’Auguste Bartholdi, à Belfort. Photographies de l'Agence Rol - 1920 © Gallica BnF
Le Lion de Belfort est devenu le symbole de la place Denfert-Rochereau. Il a même donné son nom à une célèbre fête foraine installée pendant plus de 50 ans sur la place, entre 1880 et 1930 : la fête du Lion de Belfort. Manèges, loteries, parades, puces savantes, diseuses de bonne aventure, phénomènes, dompteurs de lions, cirques et théâtres attiraient les foules sur la place et sur l’ensemble des axes.
Fête foraine du Lion de Belfort, le Modern cirque Lambert : Photographies de l'Agence Rol - 1920 © Gallica BnF
Affiche pour la fête du Lion de Belfort, entre 1880 et 1900, dessinateur Alfred Choubrac © Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Gare RER Denfert-Rochereau
La gare de Sceaux, 1880 © BHVP
Cette gare est la plus ancienne de Paris. Elle a été construite en 1846 par l’architecte Alexis Dulong. Elle était à l’époque hors des limites administratives de Paris et marquait le départ de la ligne de Sceaux. Elle comportait à l'origine deux ailes, mais elle a perdu celle de droite en 1895, au moment des travaux de prolongement de la ligne dans Paris. Sa façade est surmontée d'un fronton triangulaire dans lequel des bas-reliefs représentent deux allégories de l'invention ferroviaire. ©CAUE de Paris - T. Ménivard
Elle doit sa forme convexe à l'ingénieur Claude Arnoux, qui a fondé et exploité cette ligne jusqu’en 1857 et l’a conçue comme un démonstrateur de son système ferroviaire innovant, qui permettait, grâce à des trains articulés, d’emprunter des lignes avec de fortes courbures.
Paris illustré : Guide de l'étranger et du Parisien, 1876, par Adolphe Joanne © Gallica BnF
La gare donnait sur un quai arrondi, desservant une voie unique en forme de boucle de retournement. Ce système dit “Arnoux” permettait des gains de temps considérables, évitant les manœuvres compliquées de retournement des locomotives des gares terminus.
Tableau de Victor Navlet d’après une photo de Nadar © RMN-Grand Palais (musée d'Orsay)/Photo Jean Schormans
Cette ligne a connu très vite un vif succès, avec des départs de trains toutes les heures. L’affluence était particulièrement forte le dimanche, jour du fameux bal de Sceaux, passé à la postérité grâce à la nouvelle de Balzac. En 1859, la Compagnie des Chemins de Fer de l'Orléanais, qui a succédé à Claude Arnoux, a décidé la prolongation de la ligne entre Orsay et Limours par Saint-Rémy-lès-Chevreuse.
Imagerie commerciale et publicitaire, fonds imprimerie Champenois, 1890 © Bibliothèque Forney
Entre 1889 et 1892, la ligne est prolongée dans Paris jusqu'à la station Luxembourg en souterrain, la gare Port-Royal est construite à cette époque.
Gare de Sceaux, 1914 © BHVP - Fonds Lansiaux
Avenue René-Coty
Allée Samuel-Beckett, concours photographique Portraits de paysages © Olivia Auger
Vous vous engagez maintenant sur la promenade plantée de l’avenue de Montsouris, souhaitée par le préfet Haussmann pour conduire les promeneurs vers son futur grand parc parisien, le parc Montsouris, créé en prévision de l'exposition universelle de 1867.
Jeux d’enfants sur l’avenue de Montsouris © BHVP
Cette longue avenue de 1 013 m, bordée de platanes et large de 32 m, prolonge le boulevard d'Enfer (actuel boulevard Raspail) jusqu'au nouveau parc. Les expropriations nécessaires à la création de cet axe ont également conduit à amputer le jardin de l’hôpital La Rochefoucauld encore davantage qu’il ne l’avait déjà été par la construction de la ligne ferroviaire de Sceaux.
Plan d’expropriation pour l’ouverture de l'avenue du parc Montsouris, 1868 © BHVP
Conçue dès l’origine comme une promenade piétonne, la nouvelle avenue s’organise en une contre allée plantée d’arbres au milieu, bordée de deux chaussées pour les voitures, chacune à sens unique. L’importante dénivellation du Montsouris (30 m entre le bas de la rue Dareau et la porte d’Arcueil, en haut) a nécessité de percer l’avenue en tranchée et d’engager d’importants travaux de déblais et de remblais pour toutes les constructions qui la bordent.
Avenue du parc Montsouris © BHVP
Initialement nommée “avenue de Montsouris”, son nom est changé par “avenue du parc de Montsouris” en 1899, afin que les personnes étrangères au quartier sachent qu’elle conduit au parc. Elle est à nouveau renommée “avenue René-Coty” en 1964, en hommage au 17ᵉ président de la République. Depuis 1999, son allée centrale est appelée « allée Samuel-Beckett », en mémoire de l'écrivain, poète et dramaturge irlandais.
Hôpital La Rochefoucauld
© CAUE de Paris
L'hôpital La Rochefoucauld a été fondé en 1781 et installé dans une demeure alors située à Montrouge, en pleine campagne, sur un terrain de 22 000 m². Cette “Maison Royale de Santé”, était initialement destinée à des ecclésiastiques et à des militaires nécessiteux. En 1802, elle devient une maison de retraite. L’établissement est considérablement agrandi et c’est l’architecte des hôpitaux de la Couronne et de l’ordre de la Charité, Jacques-Denis Antoine, qui est chargé de sa reconstruction. Le bâtiment est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1928.
Plan masse de l’hôpital © BHVP
À l’origine, le vaste parc au dessin néoclassique s'étend jusqu’à l’actuelle place Denfert-Rochereau et bien au-delà de l’avenue René-Coty. Il permet d’offrir aux pensionnaires de l’air pur et des possibilités de promenades dans un beau paysage : jardins réguliers alternent avec parterres, allées et quinconces. Le parc a été amputé au fil du temps, par la construction de la ligne de sceaux puis par le percement de l’avenue Montsouris.
Le petit édifice de pierre situé dans le jardin est le regard n°25 de l’aqueduc Médicis venant d’Arcueil, qui a permis d’alimenter l’hospice en eau.
Le « regard de Saux » © CAUE de Paris
En 1821, la Maison Royale de Santé prend le nom d'hospice de La Rochefoucauld, en hommage à sa principale donatrice, la vicomtesse de La Rochefoucauld. En 1849, l’hospice est rattaché à l'Assistance Publique de Paris.
Photographie des chambres © BHVP
L’hôpital de La Rochefoucauld a fermé ses portes en 2019 pour être mis en vente. Il est actuellement temporairement occupé par le commissariat de police du 14ᵉ arrondissement.
Sortie des catacombes
© CAUE de Paris
Vous vous trouvez face à la sortie des catacombes. L’ossuaire parisien a été nommé ainsi en référence aux catacombes de Rome. L’entrée s’effectue place Denfert Rochereau, au 1 avenue du Colonel Henri Rol-Tanguy.
Ancienne entrée des catacombes barrière d'Enfer © Ville de Paris / BHVP
Les 1,7 km et 11 000 m² de galeries labyrinthiques abritent six millions d’ossements, provenant de différents cimetières parisiens et disposés dans ces anciennes carrières en un décor romantico-macabre.
Plan, par les géomètres de l'inspection générale des carrières, 1857 © Ville de Paris / BHVP
Le parcours s’achève depuis avril 2017 dans cette nouvelle sortie, conçue par l’agence Yoonseux architectes. La blancheur et les volumes de cet espace de transition réalisé en Corian®, accompagnent le visiteur dans son retour vers la lumière du jour, après ce parcours sinueux sous des voûtes, de 1,80 à 20 m sous terre.
Visite des catacombes © Ville de Paris / BHVP
La Maison maternelle
© CAUE de Paris - T. Ménivard
La Maison maternelle de la Fondation Louise Kopp a été édifiée en 1909 par les architectes J. Charlet et F. Perrin. Cette fondation avait pour objet d’accueillir provisoirement et gratuitement les jeunes enfants (de 3 à 6 ans pour les garçons et de 3 à 12 ans pour les filles) de familles en détresse. Les enfants étaient abrités, nourris, blanchis, et habillés si nécessaire. La durée de séjour ne pouvait excéder trois mois. La fondation accueillait également les femmes dans le besoin.
Distribution de viande aux femmes sans travail, Charles Lansiaux © BHVP
Aligné sur l'avenue, le bâtiment principal présente une façade composée de deux étages sur rez-de-chaussée, surmontés d'un étage sous comble. Les murs de briques claires sont ornés de briques rouges et d’éléments de grès flammé, dessinant une sorte de "point de croix" d'un caractère volontairement enfantin.
Le rez-de-chaussée comprenait le logement du concierge, le parloir, les bureaux, le réfectoire et les cuisines, le tout ouvrant sur un préau couvert donnant accès à la cour de récréation. Les étages étaient principalement réservés aux dortoirs avec quelques salles d'études au premier, une lingerie au deuxième et une infirmerie au troisième.
Le garde manger, Charles Lansiaux © BHVP
Aujourd’hui, la maison de Montsouris est agréée par une convention passée avec la préfecture de Paris sous l’appellation de “Maison d’enfants à caractère social”. Elle est ouverte toute l’année 24 heures sur 24 et accueille toutes les urgences. Elle assure la réception, l’hébergement et la scolarisation de jeunes de 3 à 16 ans qui lui sont confiés par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance.
Gymnase Alice Milliat
© Robert Bernard-Simonet
Le gymnase Alice-Milliat, conçu par l’architecte Robert Bernard-Simonet et le paysagiste Yves Deshayes, a été livré en octobre 2005. Le bâtiment s’est glissé dans une parcelle particulièrement contrainte et derrière un mur en meulière et un talus préexistant.
Ces contraintes et la nécessité d’offrir dans la salle une hauteur libre de 10,50 m (à l’origine du programme, pour aménager un fronton de pelote basque, aujourd’hui pour l’un des plus grands murs d’escalade de Paris) ont conduit l’architecte à proposer une solution constructive originale : une poutre monumentale, en béton post-contraint, franchit la longueur du gymnase, soit 44 m de portée sur 4,50 m de hauteur.
© Robert Bernard-Simonet
La hauteur de cette poutre permet de loger les vestiaires et les locaux techniques dans l’étage ainsi créé, et de porter la terrasse-jardin, accessible depuis un escalier/belvédère situé à l’extérieur, à l'angle des deux rues.
© Yves Deshayes
Conçu à l’origine comme un jardin d’agrément, il est aujourd’hui devenu un jardin partagé.
© Yves Deshayes
Rue des artistes
L’escalier des artistes © CAUE de Paris
Cette rue, ouverte en 1853, a été ainsi nommée car cette voie est une ancienne résidence d’artistes. Les peintres Claude Rameau et Louis Charlot y ont partagé un atelier au début du XXᵉ © CAUE de Paris - T. Ménivard
Au n°6 de la rue, admirez l'œuvre de l’artiste Antoine Bertrand intitulée MOMIJI “Kingyo et feuilles d’érable d’automne” réalisée le 26 octobre 2019 à la peinture et à la feuille de cuivre dans le cadre d’une commande © CAUE de Paris - T. Ménivard
Au n°7 de la rue Gauguet, impasse commençant rue des Artistes, l’architecte Marcel Zielinsky a construit, en 1931, une maison-atelier pour le peintre et décorateur, Gaston André. Cette maison-atelier de deux étages, conçue dans la veine du mouvement moderne, est louée en partie au peintre Nicolas de Staël, dès 1947. La grande hauteur de l’atelier lui permettra de peindre des tableaux de formats © CAUE de Paris - T. Ménivard
Maison-atelier Lemordant
© Agence Meurisse, Gallica BnF
Construite en 1929 par l’architecte Jean Launay, cette maison-atelier a été conçue par et pour le célèbre peintre breton Jean-Julien Lemordant, sur une parcelle particulièrement contrainte. © CAUE de Paris - T. Ménivard Elle est coincée entre l’avenue René-Coty, la rue de l’Aude et les remparts obliques de 7 mètres de haut du réservoir Montsouris. Ce terrain étroit, fortement pentu et de forme triangulaire était resté vacant depuis la création de l’avenue Montsouris. Il est mis aux enchères par la ville de Paris en 1927 et Lemordant en fait l’acquisition pour y construire son « hôtel pour un peintre ».
Julien Lemordant, peintre, sous-lieutenant © Agence Meurisse, Gallica BnF
Ancien élève de l’école d’architecture de Rennes, il conçoit lui-même les plans de la maison qu’il imagine, grande, harmonieuse, sobre et élégante. La structure principale est en béton armé afin de résister à la poussée des terres vers l’avenue. Sa forme évoque un paquebot, coiffé de son « château », matérialisé par la verrière de l'atelier, et dont la proue s’avance fièrement sur l’avenue. La façade sur l'avenue, en grande partie aveugle, se présente comme une coque blanche en équilibre sur le mur de soutènement, percée de nombreuses fenêtres de cabines, pour laisser place à l’air et à la lumière.
Plan de la maison-atelier de Julien Lemordant © Archives de Paris
Lemordant a également dessiné le mobilier de la maison. La salle à manger Art déco est conservée au musée des Beaux-Arts de Quimper. La maison est résolument moderne par ses équipements : un ascenseur relie tous les étages et un réseau téléphonique interne permet de joindre toutes les parties de la maison. Un garage au rez-de-chaussée peut accueillir au moins un large véhicule. Le premier étage comprend une chaufferie, une cuisine et les chambres des enfants. La cuisine est alors reliée à la salle à manger par un monte-plat. Un salon-fumoir précède la salle à manger, elle-même prolongée par une terrasse d’environ 14 m de long. L’atelier au troisième est baigné de lumière grâce à une large verrière. La chambre principale, au dernier étage, bénéficie de sa propre terrasse surplombant l’avenue.
© Agence Rol, Gallica BnF
Fontaine Wallace
© CAUE de Paris
Les fontaines Wallace portent le nom de leur donateur, Sir Richard Wallace (1818-1890). Héritier d’une grande fortune, il fait don à la ville de 50 fontaines à boire après avoir vu les Parisiens subir une pénurie d’eau durant le siège de Paris et la Commune en 1871. La première fontaine Wallace est posée en 1872 sur le boulevard de la Villette. Face au succès qu’elle rencontre auprès des parisiens, Paris décide d’en commander une trentaine de plus.
Aujourd’hui, on en compte 108 dans la capitale. Réalisées par le sculpteur Charles-Auguste Lebourg à partir des esquisses de Richard Wallace, les fontaines sont réalisées en fer de fonte par la Société anonyme des Hauts-Fourneaux. Le grand modèle à cariatides est le plus répandu, mais il existe également un modèle en applique et un autre à colonnettes.
👀 Découvrez notre parcours Détour dédié aux fontaines parisiennes.
Le réservoir Montsouris
© CAUE de Paris
Vous êtes en train de longer l’un des plus grands réservoirs d’eau potable de Paris. Il occupe près de 4 hectares et avec sa capacité de 200 000 m³, il a révolutionné le rapport à l’eau potable des parisiens. Vers 1850, l’eau portable était encore rare à Paris. Il n’y avait en tout que 8000 m³ d’eau pouvant être distribués aux parisiens.
En 1854, le préfet Haussmann charge l’ingénieur Eugène Belgrand d’étudier la question des eaux. Celui-ci a l’idée de capter des sources reconnues de bonne qualité et fait l’acquisition de sources dans la région de Sens (89). Les eaux souterraines sont captées et acheminées jusqu’à Paris par l’aqueduc de la Vanne sur plus de 150 km, jusqu’au réservoir de Montsouris, construit entre 1869 et 1874 sur l’un des points les plus hauts du sud de Paris. Il alimente encore aujourd’hui en eau près de 20 % des parisiens.
© BHVP
Le réservoir est construit en meulière, sur deux étages, chacun étant séparé en deux parties indépendantes. Les voûtes supérieures du réservoir sont coiffées de lanternons de verre. Elles sont, ainsi que les talus, recouvertes de terre gazonnée pour éviter les variations de température.
© BHVP
Aujourd'hui, les eaux souterraines conduites par les aqueducs du Loing, du Lunain et de la Voulzie, arrivent dans deux grandes cuvettes, appelées bâches, dans le lanternon principal, un élégant belvédère garni de carreaux de faïence. Cette eau jaillit depuis des canalisations verticales, nommées tulipes, avant d’être dirigée vers les différents compartiments du réservoir.
À l’entrée, dans une paroi en faux rochers, d’anciens aquariums sont installés. Ils contenaient autrefois des truites sensibles aux pollutions. Appelés truitomètres, ils servaient à tester la qualité de l’eau. Si la truite montrait des signes d’affaiblissement, l’eau était alors considérée comme polluée et était dirigée vers l’égout. Son usage a été arrêté en 1996 et remplacé par les analyses en laboratoire.
Le truitomètre © François Grunberg, Ville de Paris
On peut ensuite découvrir l'antre du réservoir : la « cathédrale de l’eau ». C'est à ses galeries voûtées et à ses 1800 piliers maçonnés en forme d’arcs pour soutenir le poids du réservoir, que le lieu doit son surnom. Protégée de toute pollution et de la chaleur du soleil, l’eau est ici stockée avant d’être distribuée aux parisiens.
La cathédrale de l'eau © François Grunberg, Ville de Paris
Contenus additionels
Maison-atelier Ozenfant
CAUE de Paris - T. Ménivard*
La maison-atelier Ozenfant a été conçue en 1923 par Le Corbusier et son cousin Pierre Jeanneret, pour le peintre Amédée Ozenfant, pionnier du mouvement moderne et co-fondateur du purisme avec Le Corbusier.
Avec cette villa, Le Corbusier préfigure les principales règles de l’architecture moderne : une structure constructive de type poteaux-dalles en béton armé, qui permet de libérer les murs extérieurs et les cloisons intérieures de toutes fonctions portantes, offrant une grande liberté dans le plan et dans l’organisation de la façade. Celle-ci, devenue une simple peau mince, peut être percée de larges baies vitrées placées indépendamment de la structure.
© Agence Rol - gallica BnF
Dans la maison Ozenfant, ces libertés sont exploitées dans la disposition des cloisons intérieures qui se déplacent d’un étage à l’autre, dans les fenêtres à lamelles continues qui contournent les murs et dans l’atelier en double hauteur où de grandes fenêtres sont adossées au poteau en béton. À l’origine, la grande verrière était recouverte par des sheds vitrés assurant une lumière zénithale.
Les deux façades d’angle sont traitées avec simplicité. Seul un petit escalier à spirale en béton anime la volumétrie stricte du bâtiment.
Aujourd'hui, la maison a été transformée, le garage supprimé, le rythme des fenêtres du rez-de-chaussée changé, les volumes intérieurs cloisonnés et les sheds ont été remplacés par une terrasse.
Atelier Ozenfant avec toiture à sheds © Agence Rol - gallica BnF
Square de Montsouris
© CAUE de Paris - T. Ménivard
La rue du square Montsouris est une voie privée (ouverte à la circulation publique) créée en 1922. Elle est bordée d’une soixantaine de maisons mitoyennes, construites dans l'entre-deux-guerres, qui reflètent la diversité des courants architecturaux de l’époque : Art nouveau, Art déco, style régional, maisons néo-normandes, mouvement moderne…
La rue compte également vingt-huit maisons individuelles en briques rouges ou ocres conçues par l’architecte Jacques Bonnier et déclinées en 4 modèles (A, B, C, D) dans le cadre d’une commande publique pour des habitations à bon marché (HBM). Rue du square Montsouris © CAUE de Paris - T. Ménivard
Au n°2, observez la maison Gaut, conçue en 1923 par les frères Perret, pionniers du béton armé à Paris.
Maison Gaut © CAUE de Paris - T. Ménivard
Bastion n°81
© CAUE de Paris
Vous êtes maintenant face au pavillon de la porte d'Arcueil, plus communément appelé « Poste d'Arcueil ». Le pavillon a été construit en 1930, au-dessus des deux aqueducs de la Vanne et du Loing, en lieu et place du bastion n°81 de l’ancienne enceinte de Thiers. C’est le dernier regard avant le réservoir de Montsouris.
Le regard porte d'Arcueil © Charles Lansiaux, Département Histoire de l'Architecture et Archéologie de Paris
Depuis 2006, le Pavillon est surmonté d’une œuvre de Claude Lévêque intitulée « Tchaïkovski » et réalisée à l’occasion de la création de la ligne 3a du tramway.
Les 4 panneaux en inox froissé, placés sur le toit du pavillon se confondent avec le ciel et réfléchissent l'activité urbaine du boulevard Jourdan. L’effet de miroitement évoque l’ondoiement de l’eau qui s’écoule sous nos pieds.
Le boulevard Jourdan et l’ensemble des boulevards des Maréchaux, suivent l’ancien tracé de l’enceinte de Thiers (du nom d’Adolphe Thiers, alors chef du gouvernement), ultime fortification de la capitale, construite entre 1840 et 1944. Ce mur de 34 km de long, alors construit au milieu des champs, englobe les villages les plus proches qui seront annexés à Paris en 1860, et fixe une nouvelle limite pour la capitale.
Le rempart, 1870 © Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
Le mur d’enceinte, haut de 10 mètres, surplombe un large fossé. Il comporte 94 bastions, 62 portes ou poternes qui permettent de prélever l’octroi, ainsi que des passages de chemin de fer et de rivières ou canaux. Une zone de servitude militaire de 250 m, la zone non aedificandi, longe le côté extérieur de l’enceinte, jusqu’à l’actuel boulevard périphérique.
Jugée inefficace pendant la guerre de 1970 et le siège de Paris par les prussiens, l’enceinte sera déclassée en 1919 et progressivement démolie jusqu’en 1929, offrant des opportunités foncières importantes pour le développement de projets urbains, tels que l’aménagement de la Cité Universitaire Internationale.
Porte d'Arcueil © Charles Lansiaux, Département Histoire de l'Architecture et Archéologie de Paris
Il n’en subsiste que peu de vestiges aujourd’hui, mais en contournant le Pavillon et en empruntant la rue David-Weill, vous pourrez constater que si le côté est du bastion n°81 a été démoli (la rue a été élargie et les pierres ont été utilisées pour construire la Fondation Deutsch de la Meurthe et la Cité Universitaire Internationale), le côté ouest est encore intact.
© CAUE de Paris
Activités annexes
Accéder au au parcours
Bus
Denfert-Rochereau (lignes 38, 59, 64, 68 et 88)
Métro
Denfert-Rochereau (lignes 4 et 6)
Vélib'
Station n°14005 (René Coty - Place Denfert-Rochereau)
RER
Denfert-Rochereau (ligne B)